L'île de Chiloe

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De Puerto Montt à  Chiloé

 

Bonjour a tous, joyeux Noël et bonne année 2002 !

Voici la suite de notre petit journal depuis notre arrivée au Chili. Notre vie est extraordinairement intense depuis l'accueil de rêve du canal Chacao, où dauphins, phoques, et oiseaux nous ont adoubés dans le clan assez fermé des guerriers du grand large.

A Puerto Montt, nous attendaient Pierre Nicolas et Marc, les 2 potes avec qui depuis nous naviguons. Trois mouillages... les qualificatifs manquent pour décrire tant de beauté. Il fait beau, très beau. Nous mouillons dans des enclaves marines au milieu des prairies, avec au fond les cimes enneigées de la Cordillère. Nous rigolons du matin au soir, l'ambiance à bord est excellente.

Nos contacts avec les chiliens s'améliorent de jour en jour, malgré notre espagnol désolant. Les villages de bois, tout de couleurs, de pilotis aux embouchures des rivières, sont tout à fait tranquilles. L'odeur musquée du kelp échoué partout en d'immenses plaques visqueuses, lutte avec une odeur de terre et de forêt qui évoque les montagnes pyrénéennes.
 
Les chiliens d'ici, de type indien hispanique sont petits, taciturnes, affables et très honnêtes. Hier, au détour d'un fjord, une bande de phoques s'ébattait sur un gratton à fleur d'eau. Le soleil haut et le vent nul ont réveillé en nous des instincts maori de baignade. Faire trempette avec les phoques... hop!, le masque, les palmes... le voilier arrêté, posé comme un pétrel, les ailes repliées sur l'eau lisse, nous dans l'annexe pagayant bientôt à 5m des bestiaux hilares et bondissants. Mais les règles de mère Nature sont immuables, et le mâle énorme, de sa face de lion des mers est venu sans agressivité excessive nous expliquer les règles de sécurité de sa grande famille. Sa vitesse d'évolution, sa dentition, sa stature de colosse nous ont dissuadés de plonger dans les 14 degrés d'une eau nettement moins limpide que celle des lagons des Tuamotu.



Aujourd´hui, à Castro, capitale de l'île de Chiloé, nous préparons Morgane pour le grand sud. Double vitrage en polyane contre la condensation, pompe à haut débit en cas d'embrassade impromptue avec un glacier et moquette dans la zone vie pour isoler du froid qui remonte des planchers du bateau.


Marc nous a quitté après une belle bringue. Un chouette compagnon, un vrai marin, appelé par le travail et sa famille. Nous buvons du mate au goût de foin, en Amérique du Sud. Nous sommes heureux, la lune brille là-haut, au dessus de la Cordillère. Notre terre est belle à coup sûr, nous ne la méritons plus.

C'est Noël en France comme ici.

PS: Dans la série les hommes sont cons et ils vont en crever, ici, il s'en passe une bonne. Figurez-vous qu'au dessus du grand Sud, la couche d'ozone est tellement esquintée qu'il y a des bulletins spéciaux pour ça. A Chiloé, les bébés sont totalement recouverts de linge par leurs mères pour les déplacements extérieurs. En mer, nous qui venons de passer 2 mois au grand large nous cramons littéralement malgré crèmes et gras divers. Le corail crève à Tahiti, L´Europe étouffe sous les gaz carboniques, le grand Sud va cramer, mais nom de Dieu, que va-t-il falloir faire pour que les hommes sortent la tête du sable et qu'ils entendent le glas qui sonne à toute volée. Quel orgueil idiot nous pousse à croire qu'avec notre monde de technologie, nous allons gagner contre les éléments ? En 2 mois à trois personnes, Morgane a consommé moins de 600 litres d'eau, et ne s'est éclairé qu'au solaire. Qui dit mieux ?

 

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